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Le travail forcé, une catégorie globale en mutation : classification, comparaison et significations du travail au sein de l’Organisation internationale du Travail (OIT), 1919-2017

Ce projet explore les mutations dans les significations globales du « travail forcé », dans une perspective de sociologie de la classification et de la comparaison. L’OIT ayant historiquement façonné le discours sur ce sujet, il constitue notre champ d’investigation empirique. Alors que dans les années 1920, le « travail forcé » était décrit par l’OIT comme un phénomène colonial, il est aujourd'hui considéré comme un problème du marché mondial du travail et se voit placé dans le contexte des inégalités sociales mondiales. Quelles continuités et quelles ruptures les significations du « travail forcé » ont-elles subies dans les processus de classification et de comparaison ? Suivant la voie ouverte par la sociologie historique globale, nous cherchons à interroger, sur la base de deux études de cas qualitatives, premièrement, l’historicité du « travail forcé » en tant que catégorie dans le contexte impérial en se basant sur des sources historiques, et, deuxièmement, sa classification mondiale actuelle à travers les initiatives de l’OIT pour identifier, classer et mesurer ce phénomène. Nous supposons que la catégorie a connu une métamorphose, passant d’un problème identifié comme spécifique au contexte extra-européen vers un problème de portée mondiale. Ces changements s’inscrivent dans des controverses anciennes et réactivées concernant la séparation entre travail « libre » et «  non libre ».

Ce projet se propose d’étudier un phénomène significatif et contesté dans le monde actuel du travail, qui jusqu’à présent n’a pas été reconnu comme un sujet de recherche sociologique, ni dans la sociologie du travail et des inégalités, ni dans la sociologie de la mondialisation. Se fondant sur l’histoire globale du travail et du genre, le projet souhaite contribuer au développement d’une perspective réflexive sur une catégorie centrale et un modèle interprétatif des sciences sociales, qui prend les expériences européennes spécifiques comme étalon du concept présumé universel de « travail libre ».